La sélection du Comité Poétique
Voici la liste des 8 beaux recueils en lice pour l’édition 2017 des prix CoPo :
Alain Sancerni, « Rimbaud selon Harar »
Sabine Huynh, « Kvar lo »
Le CoPo invite les lectrices et lecteurs à découvrir ces recueils. Ils méritent tous une attention particulière pour la qualité de leur style et leur authenticité poétique.
Le prix CoPo des Lycéens 2017
Cette année, le jury lycéen a décerné son prix à Marius Loris pour son ouvrage bouche louche, paru aux éditions Atelier de l’agneau. Les élèves ont été touchés par la spontanéité de l’écriture et l’aspect intime du texte.
Les élèves ont été touchés par la spontanéité de l’écri-ture et l’aspect intime du texte. Ils ont aimé la variété portée par le recueil :
Elle se manifeste dans les thèmes abordés, la forme (vers et prose), le style (parfois proche de l’oral) et la mise en page (jeux de répétition). Bravo au lauréat !
Extrait de
bouche louche
« Après
Après nous l’avons attendu toute notre vie
Après nous avions rêvé d’autre chose
Après c’est maintenant
Le présent qui se fracasse sur la gueule
Des échafaudages qui s’écroulent
Des paroles dégoupillées … »
Le prix CoPo 2017
Le Comité Poétique a eu le plaisir d’attribuer le prix CoPo 2017 à Sabine Huynh, pour son recueil Kvar lo, paru aux éditions Æncrages & Co. Postfacé par Philippe Rahmy, ce livre est illustré par les encres de Caroline François-Rubino.
Le jury a été séduit par le propos mais aussi par la forme. Dans un ouvrage extrêmement soigné et élégant, l’autrice offre un langage à la fois ciselé et précis, sombre et lumineux. Félicitations à la lauréate !
Sabine Huynh © Miriam Alster
Extrait de
Kvar lo
« Puisse votre langue
Vous modeler des hippocampes
Ingénues vous les chevaucherez
Vers les rivages de laïla calme
Des nuits hors d’atteinte
Où taire tes morts
Où écrire tes mots »
« Kvar lo, de Sabine Huynh : creuser la pierre à mains nues. Il y a dans la langue de Sabine Huynh quelque chose d’un combat qui ne cesse jamais.
Langue heurtée, qui revient comme une vague quand on peut penser que cela finit; et qui recompose aussitôt ce qui avait été fragilement ébauché auparavant.
Langue qui cherche, dans la multitude des mots et des langues, ce qui exprime au plus près la perte et comment il nous faut, comme le dit Camus, « continuer, seule-ment continuer. »
Étrange et fascinante alchimie entre la chair nue et la pierre, c’est en hébreu qu’elle dit trouver le mot juste : Kvar lo, ce qui n’est déjà plus.
Comme une humanité qui aurait besoin de toutes ses langues, de tout ce qu’elles sont capables d’exprimer pour faire lumière sur elle-même, c’est en cherchant dans ces mots nomades qu’elle trouve la possibilité de nommer la catastrophe et l’énergie pour tenir debout.
Et sa poésie nous emporte bien au delà de sa lecture, nous habite encore, même après l’oubli, comme une voix qui ne veut pas mourir, celle d’une femme venue du silence et qui n’a que les mots à offrir en partage.
Kvar lo, encre n°30, Caroline François-Rubino
À cette poésie, où lutte et abandon font jeu égal, s’ajoute la beauté des encres de Caroline François-Rubino, illustrant parfaitement ce qui chute et se relève, ce qui en tout cas ne se couche jamais mais sombre ou rejaillit sans cesse nouveau, sans cesse recommencé.
À cette poésie, où lutte et abandon font jeu égal, s’ajoute la beauté des encres de Caroline François-Rubino, illustrant parfaitement ce qui chute et se relève, ce qui en tout cas ne se couche jamais mais sombre ou rejaillit sans cesse nouveau, sans cesse recommencé.
Le tout dans un ouvrage d’une sobre élégance, réalisé par une maison d’édition qui porte haut et fort l’exigence de la belle ouvrage : Æncrages & Co.
Patrick Verschueren
La remise des prix CoPo
Sabine Huynh et Marius Loris en mai 2018, lors de la remise des prix CoPo et CoPo des Lycéens.
Ils sont en compagnie de quelques membres du Comité Poétique et de l’équipe de la Médiathèque Le Corbusier à Val-de-Reuil.