Dominique ZinenbergJe suis née en novembre 1953 à Paris. Il faudrait ne dire que cela et se débrouiller avec le reste, comme on peut, en un pèle-mêle réjouissant ou mélancolique, qui drainerait les études (de Lettres!), les lectures (comme si rien d’autre n’existait plus depuis la première à sept ans Lili et ses chèvres dans la bibliothèque rose à la dernière en date le 25 février 2014, c’était hier! Ce qu’il advint du sauvage blanc de François Garde que j’ai lu presque toute la journée et que j’ai fini à minuit passé ne pouvant en fait rien faire d’autre), les chagrins , humiliations, refus, terreurs aussi bien que les voyages, la cuisine, la musique et la peinture, l’amitié et l’amour, la famille, la politique,les lectures sur les camps, la shoah, les soucis, les deuils, les catastrophes et révolutions, luttes et loisirs, rêves et paysages et le ciel et la nage, chaudron temporel dans lequel nous baignons, fluide amniotique qui nous constitue pour le meilleur et pour le pire et avec cela enseignante dans divers collèges depuis belle lurette : passionnée, découragée, fatiguée, infatigable, écœurée, joyeuse, désespérée, enthousiaste , inventive parfois, engluée parfois, n’y croyant plus , y croyant encore, faisant et défaisant comme une autre Pénélope cours et contrôles et corrigeant , corrigeant sans fin les bégaiements de la langue, les erreurs, les approximations, annotant , gratifiant , m’exclamant et me disant combien surréaliste reste d’enseigner et écrivant depuis l’âge de 7 ans (tiens donc!) jusqu’à aujourd’hui avec ardeur, douleur, irrégularité, nécessité ( le monde disparaissant là encore comme le temps) : poèmes, nouvelles, journaux intimes, réflexions, critiques, contes.

Tout s’est tissé ensemble, serré, inextricable avec un fonds de douleur et une pincée d’humour, une palette émotive ample, une inquiétante propension à la solitude et à l’angoisse, un goût pour les mots, la rêverie, la beauté des paysages, des langues, des visages, des voix, des robes ou des bijoux, des mets élaborés avec amour, odeurs, saveurs, regards des gens et des bêtes, la grâce d’un geste, d’un sourire ou d’un poème.